La reproduction en élevage canin,, sa gestion de B.QUEINNEC

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garoundea
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La reproduction en élevage canin,, sa gestion de B.QUEINNEC

Message par garoundea »

Il m'a semblé intéressant de réactualiser l'article du Pr Quiennec que l'on ne présente plus, ceci afin d'apporter certaines précisions pour les personnes ne connaissant pas l'élevage canin ainsi que pour celles ayant tendance à opposer une morale anthropomorphique à toutes formes de pratiques du monde de la cynophilie.
Une morale pleine de bonnes intentions qui occulte les réalités de l'élevage canin, pratiques, technicités, ne peut être que négative pour la cause même qu'elle est sensée représenter.

INTERVENTION DU Pr GUY QUEINNEC - SFC

GENETIQUE ET PROLIFICITE

A. -DEFINITIONS


Par prolificité on entend la taille de la portée (nombre de chiots nés par portée.
Ce concept en élevage doit être étendu à la fertilité (nombre de femelles pleines pour tant de femelles saillies) , puis à la fécondité (nombre de mises bas pour tant de femelles saillies).
Nous appellerons taux de reproduction le nombre de chiots sevrés pour tant de femelles saillies.
Soit par exemple:
10 lices saillies
8 pleines (fertilité 80%)
7 portées (fécondité 70%)
42 chiots nés vivants ( prolificité moyenne de 6 )
40 chiots sevrés (taux de reproduction de 400%)
En gestion d’élevage il faut même calculer en taux annuel de reproduction.
Ainsi dans l’exemple précédent, si toutes les lices ont 2 portées par an, le taux de reproduction sera de 800%,si 5 ont une portée annuelle, le taux sera de 600% etc...
Ces facteurs sont déterminants pour la rentabilité et conditionnent la sélection dans diverses espèces comme le porc.
On calculera le taux d’avortement, de mortinatalité ,de périnatalité ( morts à 24h), de mortalité sous la mère (avant sevrage....).
Mais cela nous concerne aussi en sélection canine car le taux de progrès génétique est fonction des intervalles entre générations et du nombre de sujets conservés.

B. - CONDUITE DE L’ELEVAGE


Ralentir l’intervalle entre générations et diminuer la taille autorisée des portées est donc en soi une aberration génétique. C’est pourtant la politique préconisée par certains clubs de race à l’étranger, et qu’envient quelques uns des nôtres.

Outre la gravité économique et affective de ces décisions, examinons les conséquences.

Deux arguments sont communément avancés

a) Il ne faut pas épuiser la mère.
La lice est génétiquement programmée pour nourrir ses chiots. Si par suite d’erreurs diverses elle tire excessivement sur son organisme il y aura souvent une répercussion sur la fertilité. Donc le risque théorique est à la fois faible et limité.
En pratique il suffit de savoir nourrir rationnellement, bien déparasiter, supplémenter les chiots pour qu’il n’y ait aucun danger.
On peut admettre qu’un club sache que la plupart de ses adhérents soient très incompétents et qu’il conseille alors un certains étalement.
Nous préférerions qu’il améliore leur niveau technique. Mais nous contestons le droit de prendre des ukases qui briment les bons éleveurs à cause de la nullité supposée du groupe.

b) De toutes façons il naît tellement de tarés que la limitation s’impose.
Effectivement la sévérité est souvent plus grandes dans des races à problèmes, qui croient ainsi s’améliorer. Nous renvoyons aux divergences à propos de la sélection.
Mais c’est méconnaître le progrès génétique.

Celui-ci ( PG ) est le quotient entre, d’une part le produit de l’héritabilité par l’écart sélectif, et d’autre part l’intervalle de générations.

PG = h² x DS
----------------
I
DS: Écart de valeur entre le géniteur et la moyenne de la population.
I: Intervalle de générations:

Age moyen des âges du géniteurs lorsqu’il a donné naissance à des produits eux-mêmes utilisables pour la reproduction ( sur 4 portées ).

Ex: Une lice donne une portée tous les 2 ans, la première à l’âge de 2 ans.
Nous avons pour 4 portées:
I-1= 2ans
I-2=4 ans I= 2+4+6+8 = 5
I-3=6 ans 4
I-4=8 ans

En clair nous aurons seulement 3 portées, car le club bien intentionné aura aussi fixé un âge maximum.
Soit alors I=3

Prenons une héritabilité usuelle de 0.3.
Nous avons PG=0.3 x DS = DS
3 10
Le progrès génétique ne sera que 0.1 de l’écart des valeurs.
Si la lice produisait tous les 6 moi, à partir de 18 mois, nous aurions

I= 1.5 + 2 + 2.5 + 3 = 9 = 2.25
4 4

Le progrès génétique serait accru de près d’un tiers.
Au niveau de la race cela doit être multiplié par le nombre de sujets, moins 1 pour le remplacement.

Avec une limitation des portées à 5 nous avons:

5x3 = 15 chiots ( au pire 20 avec 4 portées).
Soit 15-1=14,reste 14 = 7 femelles.
2

Le progrès fourni par cette lice sera de 7 x 0.1 x DS soit 0.7 fois sa propre supériorité.
En cas de liberté, fixons à 7 la taille réelle.
Nous aurons 10 portées dans la vie ( pouvant aller jusqu’à 15 dans le meilleur cas).

Cela nous donne 70 chiots, dont 69 gardés soit 34 femelles.
Le progrès sera de 34 x 0.3 DS soit 4.5.Il sera de 6 à 7 fois plus grand pour “seulement” 5 fois
2.25
plus de chiots.

Si théorique, donc critiquable, que soit ce calcul, nous espérons avoir montré que la position de ces clubs freine l’amélioration dans le meilleur des cas, la condamne dans d’autres.

Enfin les répercussions induites psychologiquement sont lourdes.
D’une part beaucoup d’éleveurs vont tenter d’échapper au diktat par de fausses déclarations, ce qui fausse les généalogies et souvent les appréciations qui en découlent. Ainsi l’analyse de la même série chronologique de boxers Allemands, permet au même auteur à quelques années d’intervalle de fournir 2 hypothèses contraires sur l’ectopie. Héréditaire si on prend les naissances telles que déclarées, on découvre des données opposées dans les portées inférieures à la limite fixée et dans celles égales à cette limite ( car les éleveurs forcés de sacrifier 2 ou 3 chiots éliminaient toujours les monorchides ) .Il en déduit alors que l’ectopie n’est pas héréditaire.

D’autre part les éleveurs honnêtes vont chercher à ne garder que les mauvaises mères pour éviter le crèvecoeur de sacrifier d’excellents chiots.
Mais qu’est-ce qu’une mauvaise mère, sinon une femelle dont la structure génétique limite le taux de reproduction? Donc une femelle triée sur des équilibres hormonaux mal assurés, sur une faible prolificité , bref sur l’infertilité voire la stérilité.La baisse de prolificité s’accompagnera souvent d’accroissement du taux d’anomalies. Celles-ci,loin d’être redoutables, seront une bénédiction, puisqu’elles justifieront l’euthanasie précoce sans la contrainte horrible d’avoir à tuer 1 ou 2 chiots parfaits qui auraient peut-être fourni le crack tant espéré.
Inéluctablement il y aura baisse de fertilité, augmentation des tares. La race sera bientôt effectivement des plus tarées.Deux vétérinaires allemands ont ainsi écrit dans la revue du Boxer que le taux d’ectopie avait augmenté de 40% en quelques années. Le curieux est que cela leur parait démontrer l’origine génétique, c’est à dire que selon eux l’élimination systématique de la monorchidie est compatible avec son accroissement, et même l’explique. Etonnant,non?
Par contre s’il y a sélection parallèle sur des troubles de fertilité, il devient logique de voir se multiplier de nombreuses anomalies des appareils de la reproduction.


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